L’apprentissage en 2014 : quels chiffres et quel bilan ?

Les chiffres de 2014 sur l’apprentissage : quel bilan ?

Une étude réalisée par la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques), et publiée en juillet 2014 par le Ministère du Travail, confirme la baisse des entrées en apprentissage enregistrées par rapport à 2013.
Elle met également en lumière des changements structurels : des filières peu diplômantes moins représentées, et une augmentation de la part de l’enseignement supérieur.

Recul des contrats d’apprentissage en 2014 par rapport à 2013

265.000 nouveaux contrats d’apprentissage ont été enregistrés en 2014 dans le privé, soit une baisse de 3% par rapport à 2013.
Cette diminution fait suite à celle de 8% déjà comptabilisée en 2013 par rapport à 2012.

Dans le public la situation est similaire puisque le recul est de 4% en 2014, soit environ 8700 nouveaux contrats d’apprentissage.

Cette tendance générale peut néanmoins être relativisée, la baisse enregistrée étant moindre qu’en 2013. Toutefois, après des années de hausse entre 2003 et 2008, l’apprentissage apparait à la peine en France avec une période de stagnation jusqu’en 2012, et maintenant ces deux années de baisses successives.

On est encore loin de l’objectif affiché par le gouvernement de 500.000 jeunes en apprentissage en 2017. Pourtant, les mesures pour séduire les jeunes et surtout les entreprises se multiplient, avec notamment une campagne de communication faisant la promotion de la nouvelle aide de 1.100 euros à destination des TPE pour l’embauche d’un jeune apprenti, ou encore la modification de la période d’essai.

L’apprentissage en baisse dans les filières peu diplômantes

L’étude de la DARES révèle que cette baisse des contrats d’apprentissage s’explique exclusivement par un recul au sein des formations peu diplômantes :

  • Recule de 5% des diplômes de niveau V (niveau brevet, CAP, BEP) après une chute de 11% en 2013.
  • Recule de 6% des diplômes de niveaux IV (niveau baccalauréat, brevet de technicien, diplôme d’État de moniteur éducateur, etc.) après avoir perdu 10% en 2013.

Conséquence : la part des CAP-BEP est en chute

Ils ne représentent désormais plus que 66% des nouveaux contrats d’apprentissage, contre 94% en 1996.
Cette tendance est inquiétante, puisque ce sont dans ces niveaux de formations inférieures au Bac que le contrat d’apprentissage peut jouer son rôle le plus décisif dans la réduction du chômage des jeunes.

Hors le nombre de jeunes s’engageant dans l’apprentissage sans aucun diplôme est passé de 43% en 2011 à 32% en 2014, tandis qu’ils n’étaient plus que 58% à signer leur contrat à la sortie de leur scolarité.

Les chiffres par secteur : le bâtiment à la peine

Les mauvais chiffres enregistrés s’expliquent notamment par des recrutements à la peine dans le secteur du bâtiment avec -12,2% (après une baisse de 13,2% en 2013).
Le lien entre conjoncture économique et entrées en apprentissage y est en effet très fort, un quart des recrutements s’opérant par la voie de l’apprentissage, et pour 60% d’entre eux dans le cadre d’un CAP ou d’un BEP.

Cette chute du nombre d’apprentis dans le secteur du BTP avait d’ailleurs justifiée, le 18 juin dernier, le mouvement des casques jaunes, dont le but est de promouvoir l’apprentissage auprès des entreprises du bâtiment.

Le secteur tertiaire quant à lui se maintient presque à l’équilibre avec une diminution de 0,7% du nombre de nouveaux contrats, grâce à un recul limité de l’hébergement-restauration (-1%) et du commerce (-0,8%), et ce malgré les -10,2% enregistrés dans le secteur de la coiffure et des soins de beauté.

Le tertiaire confirme ainsi qu’il est le secteur qui recourt le plus à l’apprentissage, avec 58% du total des contrats signés.

Hausse de l’apprentissage dans le supérieur

L'apprentissage en hausse dans le supérieur

Contrairement à la situation décrite au-dessus, la tendance dans le supérieur est à la hausse avec +3% enregistré en 2014.

Ce bon résultat confirme une évolution de fond :

  • Aujourd’hui 34% des apprentis préparent un diplôme du supérieur, contre 6% en 1996.
  • Et 46 % des apprentis qui signent un contrat d’apprentissage ont déjà le baccalauréat ou un diplôme du supérieur.

Les recrutements d’apprentis désireux de se former dans le supérieur sont tirés par des secteurs qui traditionnellement étaient peu intéressés par l’apprentissage :

  • l’industrie électrique et électronique,
  • la banque,
  • l’assurance,
  • l’immobilier,
  • ou encore la communication.

Les entreprises qui recrutent : une situation contrastée

Dans les entreprises de plus de 250 salariés les recrutements sont repartis à la hausse, +4,8%, après une baisse de de 1% en 2013.
Parmi ces nouveaux apprentis 80% préparent un diplôme du supérieur, tandis que les jeunes peu diplômés n’étaient que 13%.

Dans les petites entreprises (jusqu’à 49 salariés) la tendance est en revanche à la baisse avec -3,1%. Elle est même de -5,7% dans celles comptant moins de 10 salariés.
Les petites entreprises restent malgré tout les premiers employeurs d’apprentis avec 73% des nouveaux contrats (en baisse de 4 points par rapport à 2011). Parmi les jeunes recrutés 19% seulement préparent un diplôme du supérieur, et 68% étaient peu diplômés.

Des contrats en moyenne inférieurs à deux ans

En 2014 la durée moyenne des nouveaux contrats d’apprentissage a peu évoluée, elle reste comparable à celle observée deux ans auparavant, aux alentours de 20 mois.

Parmi les contrats enregistrés on note tout de même que seulement 8% l’ont été avec une durée supérieure à 2 ans, quand 27% l’étaient pour une durée inférieure à 1 an (soit une hausse de 6 points depuis 2011).

Cette augmentation des contrats courts s’explique par le poids croissant pris par l’enseignement supérieur dans l’apprentissage. 36% des apprentis préparant ce type de diplôme bénéficient en effet de contrats d’une durée maximale d’un an.

Des salaires en apprentissage plus élevés dans les grandes entreprises

Des salaires en apprentissage plus élevés dans les grandes entreprises

Le salaire net mensuel moyen d’un apprenti s’est élevé à 821 euros en 2012.

Plus la taille de l’entreprise est grande, et plus il augmente. Il est en moyenne de :

  • 1 070 euros dans une entreprise de plus de 250 salariés ;
  • 823 euros dans une entreprise de 20 à 49 salariés ;
  • Et 708 euros dans une entreprise de moins de 10 salariés.

Dans les très petites entreprises ces faibles salaires s’expliquent facilement : les apprentis y sont plus jeunes, 42% ont moins de 18 ans (contre seulement 6% dans les entreprises de plus de 250 salariés), et ils sont en majorité ouvriers ou employés.

Le salaire net mensuel moyen peut s’analyser au travers de nombreux critères :

Selon le profil des apprentis recrutés :

  • Il est le plus élevé dans les secteurs de la fabrication de matériels de transport et dans l’information et la communication : respectivement 1146 et 1128 euros.
  • Et le plus faible dans l’industrie agro-alimentaire : 709 euros.

Par grand secteur d’activité :

  • C’est dans l’industrie que le salaire des apprentis est le plus élevé : 851 euros.
  • Tandis que dans le secteur des services il est inférieur à la moyenne : 811 euros.

Par catégorie socio-professionnelle :

  • Il est sensiblement le même pour un apprenti ouvrier, 787 euros, et pour un apprenti employé, 796 euros.
  • Tandis que pour les professions intermédiaires ils s’élèvent à 1000 euros, et pour les cadres à 1137 euros.

Enfin par sexe :

  • Pour les hommes 820 euros.
  • Et pour les femmes 823 euros.

Sources : Ministère du Travail – DARES ANALYSES « L’apprentissage en 2014. Une moindre baisse qu’en 2013 » (pour l’enquête complète cliquez ici)

Sources photo :
– CC par Chris Potter – Flickr
– CC par Ken Teegardin – Flickr

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Morgan Marietti

Morgan Marietti

Formateur consultant, il a été également le fondateur et le président de l’Association Nationale des Apprentis de France entre 2010 et 2014. L’apprentissage est son sujet de prédilection, et pour cause : il totalise 5 années d’alternance lors de son cursus scolaire dans la qualité, le marketing et le communication.